La gestion des registres légaux : comment s’y prendre ? 

Dans un environnement juridique en constante évolution, la gestion efficace des registres légaux est cruciale pour garantir la conformité légale, minimiser les risques et assurer la transparence des opérations.  

Dans cet article, nous vous présentons un plan en plusieurs étapes pour optimiser la tenue des registres légaux de votre entreprise ! 

Table des matières

Les différents registres légaux et leur cadre juridique 

Pour assurer une gestion efficace des registres légaux, il est nécessaire d’analyser minutieusement chacun des registres légaux existants, ainsi que les exigences légales qui leur sont appliquées.     

État des lieux des registres légaux 

L’évaluation de la situation actuelle des registres légaux consiste à examiner en détail chaque registre légal existant. 

Registre Unique du Personnel (RUP)  

Le registre unique du personnel est un document qui permet l’identification des emplois au sein de chaque établissement de l’entreprise. Il doit contenir les informations suivantes :  

  • Nom et prénom de l’employé 
  • Date de naissance de l’employé 
  • Nationalité de l’employé 
  • Numéro de sécurité sociale de l’employé 
  • Date d’embauche de l’employé 
  • Type de contrat (CDI, CDD, intérim, etc.) 
  • Durée du travail (temps plein, temps partiel, etc.) 
  • Fonction ou poste occupé par l’employé 
  • Rémunération de l’employé 
  • Date de fin de contrat (si applicable) 
  • Motif de la fin de contrat (si applicable)  

Registre des Mouvements de Titres

Le registre des mouvements de titres est un document qui enregistre de manière chronologique toutes les transactions impliquant les titres d’une entreprise. Ce document doit être authentifié et approuvé par le bureau du tribunal de commerce où l’entreprise est enregistrée.

Par conséquent, chaque transaction ayant un impact sur les titres doit être consignée dans ce registre, qu’il s’agisse de la vente d’actions, de dons d’actions, d’apports en actions ou de toute autre opération liée aux actions. Les gages d’actions doivent également être consignés de la même manière.

Registre des Associés

Un registre des associés est un dossier où toutes les données concernant les actions entreprises par les associés sont enregistrées dans un ordre chronologique. Chaque associé possède une section dédiée, permettant ainsi d’avoir une vue d’ensemble complète de toutes les opérations légales (achats, ventes et gages) qu’il a réalisées.

Seules les personnes morales ayant des associés, telles que les sociétés civiles, à responsabilité limitée, en nom collectif, ou en commandite simple, peuvent être légalement ou statutairement tenues de maintenir un tel registre.

Registre du Comité Social et Économique (CSE)  

Le registre du CSE doit contenir les renseignements suivants :  

  • Comptes rendus des réunions du CSE 
  • Procès-verbaux des échanges entre les représentants du personnel et l’employeur 
  • Décisions prises lors des réunions du CSE 
  • Demandes ou questions soumises au CSE et les réponses correspondantes 

Registre des Assemblées  

Le registre des assemblées doit inclure les informations suivantes :     

  • Procès-verbaux des délibérations qui ont lieu en assemblée générale 
  • Décisions prises lors des assemblées 
  • Votes et résolutions adoptés 
  • Présence des membres ou actionnaires lors des assemblées 

Certificat Représentatif de Parts Sociales 

Ce document facultatif doit contenir les données suivantes :     

  • Détails sur la répartition des parts sociales de l’entreprise 
  • Mise à jour à chaque cession ou création de titres 
  • Informations sur les actionnaires ou associés 
  • Identifier les documents manquants ou obsolètes 
  • Vérifier la lisibilité et l’intégrité des documents existants 
  • Évaluer la manière dont les registres sont stockés : physiquement et numériquement 
  • Appliquer les actions correctives le cas échéant 
Exemples de registres légaux

Détermination des exigences légales et réglementaires 

Pour déterminer les exigences légales et réglementaires pertinentes, suivez les étapes suivantes :   

  1. Identifiez les lois et règlements spécifiques qui s’appliquent à votre industrie (pharmaceutique, agroalimentaire, etc.) et votre entreprise.
  2. Établissez une liste complète des obligations légales en matière de registres :

  • Le registre unique du personnel : Ce registre est obligatoire dès l’embauche du premier salarié. Cet enregistrement, qu’il soit sous forme papier ou numérique, doit contenir des informations sur tous les employés de l’entreprise. On peut s’appuyer sur les articles L.1221-13 et L.1221-14 du Code du travail. 

  • Le registre du CSE (Comité Social et Économique) : La tenue de ce registre est obligatoire à partir de 11 salariés. Il doit contenir une trace écrite des échanges entre les représentants du personnel et l’employeur au sein du CSE. La base juridique est l’article L.2315-22 du Code du travail. 

 

  • Le registre des assemblées : Ce registre doit consigner les procès-verbaux des délibérations tenues lors des assemblées générales de l’entreprise. Les articles R. 223-24 et R.221-3 du Code de commerce en sont les fondements juridiques. 

 

  • Le certificat représentatif de parts sociales : Ce registre est obligatoire si la répartition des parts sociales est spécifiée dans les statuts de la SARL. Dans ce cas, le certificat doit être mis à jour à chaque cession ou création de titres.   

  3. Étudiez les délais de conservation imposés par la loi pour chaque type de document (les registres de titres nominatifs, de mouvements de titres ainsi que les registres des procès-verbaux d’assemblées et de conseils d’administration doivent être conservés pendant 5 ans à partir de la fin de leur utilisation). 

Classification et organisation  

La classification et l’organisation des documents sont des éléments fondamentaux pour garantir la gestion efficace de l’information au sein de toute entreprise. Voici les étapes clés à suivre pour y parvenir : 

  • Classification en catégories claires : Tout d’abord, il est essentiel de classer les documents en catégories claires en fonction de leur nature et de leur importance. Identifiez les types de documents les plus courants dans votre entreprise, tels que les contrats, les licences, les rapports financiers, les factures, les correspondances, etc. 

 

  • Système de classement logique : Une fois que vous avez défini les catégories, créez un système de classement logique qui facilitera la recherche et la récupération des documents. Vous pouvez utiliser une numérotation séquentielle ou une nomenclature cohérente basée sur des critères pertinents pour votre entreprise. 

 

  • Règles de nommage pour les documents numériques : Pour les documents numériques, établissez des règles de nommage cohérentes. Cela garantira que chaque document est identifié de manière unique et compréhensible. Par exemple, vous pouvez utiliser une combinaison de date, de nom du document et de numéro de version pour nommer vos fichiers.

 

En suivant ces étapes, vous créerez un système de classification et d’organisation des documents qui simplifiera la gestion de l’information au sein de votre entreprise. Cela permettra de gagner du temps lors de la recherche de documents, de réduire les erreurs et de faciliter la collaboration entre les membres de votre équipe. Un système bien organisé contribue également à la conformité aux réglementations et aux meilleures pratiques de gestion de l’information. 


Vérification et mise à jour  

La vérification et la mise à jour régulières des registres sont des pratiques cruciales pour maintenir la fiabilité, l’intégrité et la conformité des données au sein de votre organisation. Voici les étapes essentielles pour y parvenir :  

  • Planification des audits internes périodiques : Établissez un calendrier pour la réalisation d’audits internes réguliers visant à vérifier la qualité, l’intégrité et la conformité des registres. Ces audits doivent être planifiés à intervalles définis en fonction de la nature de vos activités et des exigences légales applicables. 
  • Définition des procédures d’audit : Élaborez des procédures d’audit détaillées qui précisent les étapes à suivre, les critères d’évaluation, et les responsabilités des personnes impliquées dans le processus d’audit. Assurez-vous que ces procédures couvrent tous les aspects nécessaires, y compris la vérification de l’exactitude des données, la conformité aux réglementations et contrats, et la sécurité des informations.

 

Sécurisation des registres 

La sécurisation des registres est une étape essentielle pour garantir la protection de vos informations sensibles. Pour y parvenir, suivez ces étapes :   

  • Mettez en place des protocoles de sécurité stricts pour protéger les registres contre la perte, le vol ou l’accès non autorisé (par exemple : la double authentification), 
  • Utiliser des mots de passe forts pour les fichiers numériques et des armoires sécurisées pour les documents papier, 
  • Sauvegarder régulièrement les registres numériques dans des emplacements sécurisés. 

Les serveurs de la Papeterie Financière, basés en France, offrent également la possibilité d’utiliser une cote et un paraphe électroniques, ce qui constitue un avantage en termes de sécurité par rapport à d’autres solutions. Dans la version traditionnelle des registres, il est obligatoire d’obtenir une cote et un paraphe, et les greffes apposent leurs sceaux sur la première page pour garantir l’intégrité du registre papier. 

Actuellement, le Code monétaire et financier n’exige plus l’utilisation d’une cote et d’un paraphe, à l’exception de la Papeterie Financière, qui répond aux besoins spécifiques des avocats. Une ligne d’identité numérique a été créée au tribunal de commerce pour attribuer une référence. 

Formation du personnel 

La formation continue du personnel est une composante essentielle de la gestion efficace des registres au sein de votre organisation. Voici comment vous pouvez mettre en œuvre cette démarche :    

  • Organisation de formations régulières : Planifiez et mettez en place des sessions de formation régulières pour le personnel chargé de la gestion des registres. Ces formations devraient couvrir les compétences essentielles nécessaires pour maintenir des registres précis, sécurisés et conformes aux exigences légales en constante évolution. 
  • Sensibilisation de l’ensemble des employés : Faites en sorte que tous les employés de votre entreprise soient conscients de l’importance de la conformité en matière de registres et des implications légales qui y sont associées. 

La dématérialisation des registres   

Le Code monétaire et financier a introduit la possibilité de digitaliser les registres légaux. Malgré cela, plus de 80 % des registres légaux sont toujours en format papier avec cote et paraphe. Les principales parties intéressées par les solutions de dématérialisation des registres sont les directeurs juridiques, qui sont naturellement attirés par ces options. En revanche, les avocats expriment des réserves quant à la digitalisation, de même que les experts-comptables et les notaires. 

La dématérialisation des registres permet une gestion plus efficace de l’ensemble des registres liés aux sociétés. Par exemple, une direction juridique qui gère les affaires juridiques annuelles de toutes ses filiales nécessiterait au minimum deux registres papier par société gérée. De plus, au moins une assemblée générale extraordinaire doit être enregistrée dans le registre des assemblées, ce qui peut entraîner une volumétrie importante de documents physiques à gérer. La dématérialisation simplifie cette gestion en éliminant le besoin de stockage et de suivi de registres physiques, tout en permettant un accès plus rapide et une meilleure organisation des données juridiques. 

Avantage de la dématérialisation des registres

Plusieurs prestataires offrent des solutions de dématérialisation de registres légaux, notamment des acteurs tels qu’Infogreffe, Papeterie Financière (PF) et Mon Registre Général de Maître France Vasseur.  

Lors du dépôt des actes dans le registre digital, les sociétés par actions (qui nécessitent deux registres, l’un pour l’assemblée générale et l’autre pour les mouvements de titres) ont des exigences différentes de celles des SARL (qui n’ont besoin que d’un registre pour l’assemblée générale, comprenant un procès-verbal d’assemblée approuvant les comptes annuels de l’entité). 

Pour pouvoir digitaliser les registres légaux, il est possible de signer électroniquement les actes de manière qualifiée ou avancée, ou de manière manuscrite. 

Comment effectuer la transition de registres papiers au format numérique/digitalisé ?  

La mise en place d’un système digitalisé de gestion des registres comporte plusieurs étapes essentielles : 

  • Sélection du logiciel : commencez par choisir un logiciel de gestion des registres qui répond spécifiquement aux besoins de votre entreprise. 
  • Élaboration du manuel de procédures : créez un manuel détaillé qui explique comment collecter, enregistrer et stocker les documents au sein du nouveau système. 
  • Nomination des responsables : désignez des responsables spécifiques chargés de la tenue des registres et de la gestion du système, puis assurez-vous de les former de façon adéquate. 
  • Communication claire : communiquez de manière transparente les motifs du changement, ses avantages, et la manière dont il sera mis en œuvre. 
  • Formation : organisez des sessions de formation afin que les employés parviennent à maîtriser le nouvel outil. 
  • Participation des employés : impliquez activement les employés en sollicitant leurs avis et leurs idées pour améliorer la transition. 
  • Support technique : mettez en place un support technique disponible pour aider les employés en cas de difficultés. 
  • Gestion du changement : identifiez et nommez un responsable du changement chargé de suivre, évaluer et ajuster le processus au besoin. 
  • Mesure des progrès : utilisez des indicateurs de performance pour évaluer l’efficacité du changement et ajustez les processus si nécessaire. 
  • Feedback régulier : obtenez régulièrement des retours d’information des employés pour identifier les problèmes potentiels et apporter des améliorations. 
  • Documentation : mettez à disposition des guides et manuels d’utilisation pour que les employés puissent s’y référer à tout moment. 
  • Alignement avec la culture d’entreprise : assurez-vous que le changement est en cohérence avec la culture et les valeurs de l’entreprise, ce qui facilitera son acceptation.

 

En suivant ces étapes et en mettant en place un plan de conduite au changement solide, votre entreprise sera mieux préparée à réaliser la transition vers la gestion des registres via un système digitalisé, tout en minimisant les perturbations et en maximisant les avantages. 

Conclusion  

En résumé, une gestion efficace des registres légaux est essentielle pour la conformité et la transparence des entreprises. Cela passe par une évaluation minutieuse, la conformité aux exigences légales, la numérisation, la classification, la sécurité et la formation continue du personnel. Pour optimiser cette gestion, les entreprises doivent s’adapter aux évolutions légales et technologiques.   

Pour ouvrir de nouvelles perspectives, il est important de rappeler que la gestion des registres légaux n’est pas simplement une obligation, mais aussi une opportunité pour renforcer la confiance des parties prenantes, améliorer l’efficacité opérationnelle et rester compétitif dans un environnement juridique en évolution. En investissant dans cette gestion de manière proactive, les entreprises peuvent non seulement éviter des risques potentiels, mais aussi valoriser leur intégrité et leur responsabilité, ce qui peut se traduire par des avantages concurrentiels significatifs.