La signature électronique dans les fusions-acquisitions

La signature électronique est de plus en plus utilisée dans les fusions et acquisitions d’entreprises en raison des avantages qu’elle offre en termes de rapidité, de facilité d’utilisation et de réduction des coûts. Toutefois, son utilisation soulève également d’importantes questions juridiques et réglementaires concernant la conformité, la sécurité et la validité juridique. Les entreprises doivent prendre ces questions en considération pour garantir l’utilisation adéquate et efficace des signatures électroniques. 

Table des matières

Le cadre juridique de la signature électronique 

La signature électronique doit respecter un cadre réglementaire précis pour être valide et fiable. Le règlement européen eIDAS reconnait trois types de signatures électroniques, tandis que la directive 1999/93/CE établit un cadre pour leur reconnaissance juridique au sein de l’Union européenne. 

Les 3 types de signatures électroniques reconnus par le règlement eIDAS  

En 2014, le règlement européen eIDAS a été mis en place en Europe pour régir l’identification électronique et les services de confiance pour les transactions électroniques au sein du marché unique européen. Ce règlement reconnaît trois catégories de signatures électroniques :  

  • Signature électronique simple : de pallier 1, elle représente le plus bas niveau de sécurité du marché actuel. Elle peut prendre la forme d’une simple image de la signature manuscrite, d’un nom tapé ou d’un clic sur un bouton, et peut être renforcée avec une authentification par SMS. 

 

  • Signature électronique avancée : de niveau intermédiaire, elle est associée de manière unique au signataire dont l’identité est vérifiée (carte d’identité, passeport). Elle est créée à partir de données de création de signature électronique que le signataire peut garder sous son contrôle exclusif. Elle est liée aux données signées de manière à détecter toute modification ultérieure de ces données, et peut être renforcée par un deuxième facteur d’identification : le code SMS. 

 

  • Signature électronique qualifiée (AES) : elle représente le plus haut niveau de sécurité pour les signatures numériques. Elle est créée à l’aide d’un dispositif de création de signature électronique qualifié et est basée sur un certificat accrédité de signature électronique. L’identité du signataire peut être vérifiée par un expert en visioconférence. 
 

Il est également nécessaire de détenir, après la signature, un certificat de conformité horodaté.     

Les normes et les certifications en vigueur  

Il existe plusieurs normes et certifications en matière de signature électronique, notamment : 

  • La norme ISO/CEI 27001 publiée en 2005 et qui définit les exigences relatives à la sécurité de l’information,  
 
  • La norme eIDAS (Electronic Identification, Authentication and Trust Services) qui établit un cadre juridique européen pour la signature électronique. 

La reconnaissance légale   

La directive 1999/93/CE du Parlement européen et du Conseil, adoptée le 13 décembre 1999, établit un cadre communautaire pour les signatures électroniques et confirme la reconnaissance réciproque de celles-ci dans tous les pays de l’Union européenne, à condition de respecter des exigences communes 

L’article premier de cette directive dispose que l’objectif de la présente directive est de « faciliter l’utilisation des signatures électroniques et de contribuer à leur reconnaissance juridique ». 

Les enjeux juridiques de la signature électronique dans les contrats de fusions et acquisitions : garanties, risques et responsabilités  

L’utilisation de la signature électronique soulève des enjeux juridiques importants, notamment en termes de garanties, de risques et de responsabilités. 

Validité et authenticité de la signature électronique dans les contrats de fusions et acquisitions 

La signature électronique est souvent considérée comme une méthode plus rapide, pratique et sécurisée que la signature manuscrite pour les transactions commerciales, notamment dans le cadre de contrats de fusion et acquisition impliquant de multiples parties, des délais serrés, des montants importants et de longues négociations contractuelles. La formalisation des accords est considérablement simplifiée par les possibilités désormais bien encadrées de recourir à un processus de signature électronique. Les parties du contrat n’ont par exemple plus besoin de se déplacer physiquement pour signer les documents, ce qui réduit les délais et les coûts associés à la transaction. 

Il n’existe pas de règles propres à la détermination du lieu de signature d’un contrat de fusion-acquisition par voie électronique. Il convient de se référer alors à l’article 1121 du Code civil selon lequel le contrat est réputé conclu « au lieu où l’acceptation est parvenue ». 

Preuves et garanties en cas de litiges ou de contentieux dans le cadre d’une fusion-acquisition d’entreprise 

L’article 1367 du Code civil dispose que la signature électronique consiste en « l’usage d’un procédé fiable d’identification garantissant son lien avec l’acte auquel elle s’attache. La fiabilité de ce procédé est présumée, jusqu’à preuve contraire, lorsque la signature électronique est créée, l’identité du signataire assurée et l’intégrité de l’acte garantie, dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État. »  

Lorsque vous décidez d’adopter la signature électronique, il est essentiel de considérer en premier lieu la fiabilité de votre système en cas de litige. Il est particulièrement crucial de garantir la fiabilité des signatures électroniques dans le contexte des fusions-acquisitions, qui peuvent impliquer des transactions de grande envergure, tant en termes de valeur financière que d’ampleur géographique. La loi garantit la fiabilité des signatures électroniques car elles répondent aux critères définis par la loi elle-même et précisés par l’ordonnance.  

La fiabilité de la signature électronique repose sur le respect de certaines conditions, notamment celles liées aux certificats, aux tiers de certification et au processus de création de la signature électronique. 

En cas de litige, un dossier de preuves doit être fourni comprenant une variété d’éléments permettant de démontrer l’identité du signataire et la fiabilité de la procédure de signature électronique. 

Risques et responsabilités liés à l’utilisation de la signature électronique dans les fusions et acquisitions d’entreprises 

L’utilisation de la signature électronique dans le cadre d’une fusion-acquisition d’entreprise comporte certains risques et responsabilités, tout comme l’utilisation de la signature manuscrite. Voici quelques-uns des principaux risques et responsabilités liés à l’utilisation de la signature électronique :   

  • Authentification : l’un des plus grands risques liés à l’utilisation des signatures électroniques réside dans l’authentification des parties. Il est important de s’assurer que la personne qui appose la signature électronique est bien celle qu’elle prétend être. Des mesures de sécurité doivent être mises en place pour garantir l’identification appropriée des signataires, 

 

  • Confidentialité : lorsque vous utilisez une signature électronique, il est essentiel de protéger les données personnelles et confidentielles des signataires. Des mesures de sécurité adéquates, telles que le cryptage des données, doivent être mises en place afin d’éviter les fuites d’informations, 

 

  • Intégrité des documents signés : une fois qu’un document est signé par voie électronique, il ne doit pas être modifié sans que cela soit détecté. Des mesures de sécurité, telles que l’utilisation de certificats numériques, sont employées pour assurer l’intégrité des documents signés, 

 

  • Juridiction et conformité : certains actes peuvent requérir des exigences spécifiques en matière de signature électronique, comme l’utilisation de certificats numériques ou l’obtention du consentement des parties concernées, 

 

  • Responsabilité légale : lorsque vous utilisez une signature électronique, il est de votre responsabilité de veiller à l’exactitude et à l’authenticité de la signature.  
 

Les bonnes pratiques concernant l’utilisation de la signature électronique dans les fusions et acquisitions d’entreprises 

L’utilisation de la signature électronique dans les fusions et acquisitions d’entreprises peut offrir de nombreux avantages, tels que la rapidité, la facilité et la sécurité des transactions. Cependant, il est important de respecter certaines bonnes pratiques pour garantir l’efficacité et la validité juridique de ces signatures électroniques  :

  • Choix d’une solution de signature électronique fiable : optez pour une plateforme de signature électronique réputée et sécuritaire. Pour faire votre choix en toute vigilance, n’hésitez pas à consulter la liste des produits et services qualifiés par l’ANSSI : Liste des produits et services qualifiés. Dans l’idéal, il faudrait que ces plateformes proposent des mesures de sécurité robustes (cryptage des données, authentification renforcée ou encore traçabilité des transactions) et qu’elles conservent ses différentes données en France. Cela réduit les risques de fraude et de falsification des documents, ce qui est particulièrement important lors de transactions de fusion-acquisition sensibles. 

 

  • Sensibilisation et formation : il faut veiller à ce que toutes les parties concernées soient au fait des bonnes pratiques et des avantages liés à l’utilisation de la signature électronique. Il faut également leur fournir une formation adaptée pour réduire les risques d’erreur et optimiser l’efficacité de la signature électronique, 

 

  • Conservation des documents : il est indispensable de prendre les mesures appropriées pour conserver les documents signés électroniquement afin de faciliter la gestion des informations liées à la fusion-acquisition. Conformément aux exigences légales, il est essentiel de pouvoir prouver l’existence et l’intégrité des documents signés, 

 

  • Audit et piste d’audit : utilisez une plateforme de signature électronique qui enregistre les activités liées aux signatures électroniques, notamment les horodatages, les adresses IP et les actions des signataires. Ces informations pourront être utilisées dans le cadre de l’audit et de la piste d’audit, dans l’éventualité d’un litige futur. 

Conclusion 

À l’ère de la transformation numérique, la signature électronique est devenue un outil indispensable qui offre de nombreux avantages par rapport à la signature manuscrite, tels que la rapidité, la facilité d’utilisation et la réduction des coûts. 

Cependant, elle soulève également des enjeux juridiques importants. Il est important de choisir une plateforme de signature électronique de confiance qui respecte le cadre légal en vigueur et qui offre des mesures de sécurité puissantes. 

Rédigé par Cyrine DRIJE
Rédigé par Cyrine DRIJE

Titulaire d’un Master en Droit International & Européen des Affaires, Cyrine prépare actuellement un Master II en Droit des Affaires – Juriste d’Entreprise. Elle a choisi de combiner sa passion pour l'écriture avec sa formation juridique, en occupant un poste de Rédactrice en droit des affaires en alternance au sein de LegalVision.

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